Estampe réalisée par Dominique Castell à l’Atelier Vis-à-Vis.
Sérigraphie 3 passages sur papier Arche Velin BFK Rive 250g/m2
30×40 cm, 31 exemplaires numérotés et signés par l’artiste
2021
Impression : sérigraphie 3 passages : bleu roi, blanc transparent et blanc opaque
Format : 30×40 cm
Papier : papier Arche Velin BFK Rive 250g/m2
Edition : 31 exemplaires numérotés et signés
Année de production : 2021
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Cette estampe a été présentée lors de l’exposition “L’île inspirée” au Mac Arteum dans le cadre de la saison du dessin 2021 et au salon d’art contemporain Art-O-Rama 2021à la Friche Belle de Mai.
Cette estampe a été réalisée dans le cadre d’une résidence de production de l’artiste Dominique Castell à l’Atelier Vis-à-Vis
L’île inspirée
En ces temps malmenés par les soubresauts de l’actualité, le monde vacille.
L’art tente de faire face.
L’horizon de dessins, comme un ruban déployé sur le mur des deux salles, essaie de garder le cap et de tendre vers l’île inspirée. Ce lieu insituable, métaphore de ce qui en nous continue à vibrer, à s’animer, est aussi le motif d’un élan qui échappe à l’aplatissement et à la gravité du monde.
Dessiner pour s’accorder.
De la pointe du stylo, caresser le papier, caresser l’espoir, tracer. Lignes témoins qui rendent visibles les aléas de la vie : tourments des sociétés, conflits des sentiments, tectoniques des plaques, simple inquiétude, ou juste douceur des heures… Au jour le jour, au fil de l’eau, ici ou là, tel un sismographe attentif, le stylo sillonne les mouvements de terrains de l’âme et les fractures du monde, ouvre des chemins, capte des lumières, libère des souffles et continue inlassablement à chercher son inspiration, son île.
Stylo bille bleu voguant lentement vers Cythère où est née Aphrodite. Stylo d’argent sur papier nocturne transcrivant flux et fureurs de Stromboli, écho de mes pas sur le bord du cratère, comme écho évident du chaos climatique et pandémique que nous traversons. Les rêves sont lents et les désirs immobiles. Impasse, impossible fuite… Où trouver la grâce et les corps qui dansent ? En réponse, le trait tenu suit la cadence sismique, accompagne les laves, cartographie des résilles scintillantes, des feux d’artifice malgré tout.
Le stylo vert ne baisse pas les bras, continue à chercher la ligne serpentine des voix aquatiques, des accords marins, des corps renver sés sereins, des sirènes furtives. Eau scintillante et vert inclassable de l’onde tentent leur chance.
Le trait retrouve espoir, bataille, résiste, caresse, glisse, inépuisable réparé. Il retrouve sa respiration et en cela s’accorde tant aux pensées d’Emanuele Coccia *, « Inspirer c’est faire venir le monde en nous – le monde est en nous – et expirer, c’est se projeter dans le monde que nous sommes.
Dessiner donc.
Dominique Castell
Marseille, Août 2021
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Derrière une apparente simplicité du geste se révèle la nature complexe des œuvres de Dominique Castell. Ses tracés se dérobent à la description objective et nous convient à une autre forme d’appropriation.
La démarche artistique de Dominique Castell relève de la fabrique de récits qui vise à donner une expérience du réel, sans en passer par sa simplification outrancière et par les préjugés et stéréotypes auxquels il est difficile d’échapper. L’artiste semble avoir passé un pacte avec le spectateur auquel elle affirme que ce qu’elle dessine n’est pas vrai, mais que cet artifice lui permet d’atteindre à une connaissance profonde, intime, de la réalité. L’acte de dessiner permet à Dominique Castell de rendre prégnante une expérience du réel que sa désignation par la parole ou l’écrit ne peut que mettre à distance.
Ses dessins apparaissent dès lors comme des annotations, des souvenirs de sensations ou des fragments d’une mémoire à l’œuvre, qui nous incitent à regarder ses dessins comme autant de réminiscences des chemins parcourus, des espaces habités et des sensations enregistrées.
Extrait du texte de Pascal Neveux, Les promesses du dessin, 2017, Géodésir, Edition la Fabrique Sensible, Arles.