Le projet « Regards croisés » est une double résidence de création et de production autour du multiple d’art.

L’Atelier Vis-à-Vis invite deux artistes à développer des recherches artistiques personnelles qui seront croisées et réunies dans la conception de plusieurs estampes d’art. A travers leurs correspondances régulières, prenant la forme d’un dialogue artistique, les artistes sont amenés à poursuivre cette symétrie, approfondir ce « vis-à-vis »…  Progressivement, les regards et les pratiques entrent en écho à travers une véritable conversation visuelle.

A la croisée des rôles d’éditeur d’art, de spécialiste de l’objet imprimé et de lieu de production patrimonial, l’Atelier Vis-à-Vis est partie prenante de ce travail collaboratif.

Marine Pagès et Marilou Chagnaud

Les gestes blancs

 

“Les blancs. – Un montage typographique est en réalité un jeu de construction. Cela suppose donc que le typographe ne tienne pas seulement compte des éléments imprimants que sont les lettres et les différents signes, mais qu’;il place également dans sa composition des éléments non imprimants pour séparer les mots, écarter éventuellement les lignes ou combler les marges.”*

Le point de départ est le papier. Chaque composition émerge de cette base commune, un rectangle de 10 par 20 cm. Ensuite vient le geste. Un tracé minimaliste : une ligne, un rectangle, suggérant une possible ouverture. La découpe suit, avec une incision puis un pli.

L’espace s’anime par soustraction. Dans ces aplats colorés, des blancs apparaissent, créateurs de silhouettes et de contours. Parfois, une forme rappelle une lettre, évoque un code, suscite l’interprétation. Un jeu de construction et d’équilibre où les vides prennent une dimension tout

aussi importante que les formes imprimées, se manifestant comme des haltes, des passages ou le regard s’attarde.

Marilou Chagnaud, août 2023

 

Le point de départ de cet ensemble de 6 estampes réalisées en typographie et sérigraphie a été la découverte d’objets typographiques, tels que les interlignes, lingots métalliques et caractères de typographie. Comment ne pas les utiliser dans leurs usages habituels, mais travailler avec et à partir de ces éléments afin de dessiner avec ces espaces invisibles.

À partir d’une gamme de couleurs réalisée en commun avec Marilou Chagnaud, ces 6 sérigraphies sont divisées en 3 sous-ensemble de 2 estampes. 

Le premier ensemble Cicéro I et Cicéro II est réalisé à partir et avec les interlignes et les lingots métalliques qui servent à l’origine à caler le texte et remplir les espaces blancs. Ici, utilisés pour leur qualité de lignes dessinées (épaisseur, vibration…)  ils sont les éléments de composition du dessin et les éléments imprimés. 

Le deuxième ensemble HIIII et I propose des dessins issus des lingots métalliques pris de côté et dont les forment évoquent des H, des I… Ils reforment des lettres possibles dans ces espaces cachés…de l’onomatopée à la lettre seule.

Le dernier ensemble, MOULE E et MOULE CICERO joue avec le caractère typographique, sa forme et ses lectures possibles selon l’angle choisi. Retournés sur le côté, ils deviennent des petites architectures. Il ne laisse apparaître que la forme du moule et la tranche d’une lettre devenue illisible ou une superposition des lettres du mot Cicero, l’unité de mesure typographique, devenue un caractère/mot, impossible à imprimer et à lire.

Marine Pagès, juin 2023

*La typographie, Daniel Auger, Collection Que Sais-Je ? Édition PUF (1 janvier 1980)

 

Marilou Chagnaud

Née en 1983 à Montréal, Canada. Elle est diplômée de l’Ecole Supérieure d’Art d’Aix-en-Provence (2003-2008), ainsi que du Centre Design et Impression Textile de Montréal (2012-2015). Elle vit et travaille à York, UK.

Son travail s’articule autour de la sérigraphie, la sculpture et l’installation in-situ. Elle mêle ces diverses techniques dans la création d’environnements où lignes et motifs se déploient sur papier comme sur les murs. Par la répétition, le quadrillage et la géométrie, elle élabore un vocabulaire de formes qui explore notre rapport au mouvement et à l’espace. Sa pratique est également définie par l’usage du pliage. Sur papier ou textile, les plis dissimulent puis révèlent un motif. Jeux de formes et illusions se créent par la déambulation du spectateur dans l’espace.

En 2022, elle est invitée par la National Gallery of Australia à réaliser une œuvre participative dans l’espace urbain de Canberra. Elle est actuellement lauréate du programme de résidence d’artistes VARC dans le Northumberland, UK.

Sélection d’expositions : Contour 556, Biennale d’Art Publique, Canberra, AU (2022); Waveforms, Goulburn Regional Art Gallery, Goulburn, AU (2021); Shifting spaces, Megalo Print+Studio Gallery, Canberra, AU,(2021); National works on paper, Mornington Peninsula Regional Gallery, AU (2020); Common Threads, ANCA, Canberra, AU (2020); The Wave Machine, Canberra Museum and Gallery, AU (2018); Functional Shadows, Craft ACT : Craft and Design Centre, Canberra, AU (2018); Centre des Textiles Contemporain de Montréal, CA (2016).

 

Marine Pagès

Née en 1976 à Paris, vit et travaille à Paris.

Marine Pagès est artiste, éditrice et enseignante. Elle est diplômée en 2002 de l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris.

Dans sa pratique, elle déploie un travail de dessin sur papier et de volume (installations, bois, papiers découpés…) en réalisant des va-et-vient entre ces deux médiums, une façon de regarder les gestes effectués et de travailler avec leurs similarités.

Le travail de dessin sur papier se présente en série et la ligne en est un élément prédominant. Elle construit dans l’espace de la feuille des structures incertaines, fragiles mais possibles, proche de structures architecturales, de mémoires d’architectures mais aussi de corps. Depuis quelque temps, des dessins de mots ou lettres apparaissent sous forme d’onomatopée créant des jeux formels et potentiellement sonores.

Elle a exposé dans différents lieux dont la galerie Bernard Jordan à Paris, la Villa Empain à Bruxelles (Belgique), à Rond-Point Projects Room chez T3 architecture, le Château de Servières et le Studio Fotokino à Marseille, le 6b à Saint-Denis, Le Bel Ordinaire à Pau, Angle art contemporain à Saint-Paul-Trois-Châteaux, Mirador à

Bagnolet, La Panacée à Montpellier, La Terrasse à Nanterre, le Bild à Digne-les-Bains, la galerie Édouard-Manet à Gennevilliers, le musée régional d’Art contemporain Occitanie (Mrac) à Sérignan, La Couleuvre et Glassbox à Paris, etc.

Elle a participé à plusieurs programmes de résidences : en 2020, à la Fondation Boghossian – Villa Empain à Bruxelles ; en 2014, dans le cadre de Fenêtre augmentée, sur une invitation de Thierry Fournier ; en 2011, à la Terra Foundation, à Giverny, ainsi qu’à une résidence avec l’association Orange Rouge à La Courneuve.

En 2007, elle a résidé à Est-Nord-Est à Saint-Jean-Port-Joli (Canada) et en 2006, à l’école municipale des beaux-arts de Châteauroux, collège Marcel-Duchamp.

Depuis 2009, elle est codirectrice de publication pour Roven éditions, corédactrice en chef de la revue Roven avec Johana Carrier.

Son travail est présent dans des collections privées et publiques (Bibliothèque Nationale de France, FRAC PACA, Artothèque de Strasbourg, École des Beaux-Arts de Nantes Saint-Nazaire).

Elle enseigne le dessin en écoles supérieures d’art depuis 2008.

Elle est représentée par la galerie Bernard Jordan à Paris.

Regards croisés Marine Pagès et Marilou Chagnaud
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