Trolls, fées, gnomes …

Pourquoi les contes où apparaissent gnomes, trolls, lutins, animaux parlants, sont-ils si séduisants pour notre imaginaire. Cela ne tient pas aux histoires elles-mêmes, en réalité, assez triviales. Nous y tournons autour, nous y revenons parce qu’elles recèlent un mystère et que tout mystère nous attire.
Et une fois ce mystère résolu, ce seuil franchi, on découvre qu’une aventure, autrement exaltante, reste à entreprendre.
Approcher ces contes différemment peut alors nous amener à saisir la constante nouveauté de tout ce qui fait le monde.
Admettons donc que les animaux parlent, non pas pour nous imiter mais pour nous faire comprendre une part occulte de ce monde, et que la taille minuscule des personnages rappelle comment tout a commencé et qu’il faut saisir les rapports subtils de tout ce qui est, à partir du plus petit, si l’on veut retrouver la parenté qui existe entre le monde et nous en tant que partie de ce tout, en restant au plus près de ces débuts de la vie.
La vie vint de la mer et ce sont les moisissures et les champignons, obscurs et humides, qui constituèrent l’humus que le soleil féconda.
Trolls et lutins proviennent de ce lieu-là, sont les habitants de la forêt et des profondeurs telluriques où les choses germent. Leurs travers sont plutôt comme la caricature des nôtres car, tout semble, par ailleurs, se disposer pour qu’ils s’entendent bien. Encore une fois peut-être nous disent-ils : si vous voulez y voir clair, soyez en harmonie.
Emès-Manuel de Matos, Gnomes, lutins, trolls… 2011